Promesse de biodiversité au jardin, la tonte différenciée demande de connaître quelques subtilités pour être correctement appliquée. Voici nos conseils pour rendre vos espaces verts plus naturels et respectueux des écosystèmes.
Sommaire :
Une définition simple de la tonte différenciée du gazon
Cette approche consiste à adapter la hauteur de la tonte en fonction de l’utilisation ou de l’emplacement de chaque zone du jardin.
Au lieu de tondre uniformément toute la surface :
- On effectue une tonte classique, courte et fréquente, dans les zones à usage de loisir. Ce qui maintient une apparence soignée et assure une utilisation optimale de ces zones.
- Et on laisse généralement l’herbe pousser à des hauteurs plus élevées dans les zones plus naturelles. Ce qui favorise la croissance des plantes indigènes et fournit des habitats pour la faune.
Cette technique d’entretien des espaces verts porte également le nom de tonte raisonnée, sélective ou à hauteurs variables.
Les bénéfices de la tonte à hauteurs variables
L’objectif de la tonte différenciée est de concilier à la fois les aspects esthétiques, fonctionnels et environnementaux des espaces verts.
A la ville comme à la campagne, il est possible de restaurer un écosystème sain dans votre jardin. Il s’agit non pas de protéger la biodiversité mais de la développer !
L’impact sur la végétation
Les tontes rases sont une forme de monoculture concentrée sur les semences de gazon (ray grass, fétuques…). La répétition des passages de tondeuse fait disparaître les fleurs sauvages et ne laisse la place, dans le meilleur des cas, qu’aux végétaux les plus résistants (pissenlits, pâquerettes, plantain…).
La tonte raisonnée, au contraire, laisse vivre des espèces de plantes indigènes et sauvages. Celles-ci peuvent fleurir à loisir et produire des graines, attirant ainsi les pollinisateurs et les insectes bénéfiques.
L’impact sur la faune
La présence d’une grande variété de plantes sauvages (tanaisie, fougères, oseille, scabieuse…) attire des familles plus larges d’insectes :
- Les pollinisateurs, tels que les abeilles, bourdons et papillons.
- Les insectes auxiliaires, comme les coccinelles qui passent l’hiver dans les herbes hautes et qui seront d’une grande aide pour dévorer les pucerons au printemps.
- Les prédateurs de parasites.
De plus, les herbes hautes préservent l’habitat naturel des oiseaux et d’autres petits animaux sauvages.
L’impact sur l’eau
En réduisant la fréquence de la tonte du gazon dans certaines zones, les herbes développent des systèmes racinaires plus profonds et résistent mieux aux périodes de sécheresse. Les herbes hautes préviennent également l’assèchement du sol en le protégeant du soleil.
Dans le même ordre d’idées, la tonte différenciée conserve mieux l’humidité dans le jardin, au bénéfice du gazon, mais également du potager et des plantes du jardin.
L’impact énergétique de la tonte différenciée
Moins de tontes entraîne de nombreux bénéfices au niveau matériel :
- Une réduction de la consommation d’essence ou d’électricité.
- Un allongement de la durée de vie des matériels (tondeuses, scarificateurs…).
- Moins de déchets et de résidus de tontes à recycler.
- Pas d’usage d’engrais, car les plantes sauvages s’adaptent aux sols pauvres.
Dernier point et non des moindres, c’est un gain de temps et d’efforts qui vous attend à l’arrivée.
Comment mettre en place la tonte différenciée dans votre jardin ?
La tonte raisonnée ne consiste pas à laisser à l’abandon certaines parties de votre terrain. Il est essentiel de garder une certaine maîtrise de la végétation et d’effectuer un minimum d’entretien pour que votre jardin ne se transforme pas en une friche hors de contrôle.
Adaptez en fonction du terrain
Dans un petit jardin, les herbes hautes se limiteront à quelques mètres carrés (au pied des arbres, au fond du jardin). Pour un grand terrain ou un verger, vous pourrez leur donner plus d’espace. Dans les deux cas, vous pouvez réserver la tonte basse à ces zones :
- Au plus proche de la maison, aux endroits réservés aux activités de loisir ou au jeu des enfants.
- Dans les allées, pour créer des corridors aux tracés variables d’années en années.
- Bordures donnant chez les voisins, la rue ou à proximité du potager.
- Zones de récolte du verger.
Ajustez la hauteur selon les zones
Les différentes hauteurs de tonte doivent être entretenues et tondues différemment.
Zones hautes : | Hauteur : plusieurs dizaines de centimètres. | Fauchées et tranchées à plus de 10 cm du sol, de manière mécanique (au coupe-bordure ou à la débroussailleuse) ou manuelle (à la faucille ou à la faux). |
Zones basses : | Hauteur : Ces parties sont tondues “normalement” à une hauteur de 5 à 8 cm. | Avec une tondeuse classique ou un robot tondeuse réglé pour ne pas s’aventurer dans les herbes hautes. |
Quand faucher les herbes hautes ?
Une à trois fois par an, lors des saisons clés:
- Au printemps lors de la floraison des vergers, pour que les pollinisateurs fassent leur œuvre en priorité sur les arbres.
- En été, lorsque les herbes sont sèches et si vous avez besoin de foin pour le paillage.
- A l’automne pour faciliter l’accès aux arbres et à la récolte des fruits.
Adaptez ces recommandations à votre terrain. Faites des tests et tirez en des conclusions par rapport à la qualité de votre sol ou aux conditions climatiques. Aussi, vous pouvez laisser une petite partie en friche complète, en ne la tondant qu’une fois tous les deux ans par exemple.
Donnez un coup de pouce à la nature
Un semis de gazon prairie ou de mélanges de fleurs pourra aider la nature à reprendre ses droits. Pensez également aux plantes à bulbes (tulipes, crocus..) qui fleuriront sans entretien particulier.
Les autres alternatives de tontes
La vision du gazon a évolué au vingtième siècle. Le changement climatique et la conscience écologique sont passés par là. C’est un changement de paradigme dans l’histoire du gazon.
Si la tonte différenciée est une nouveauté pour les particuliers, cette technique est déjà mise en pratique depuis quelques années par les services d’espaces verts de nombreuses villes qui retardent les tontes des zones enherbées. De même que les collectivités locales ne tondent que partiellement le bord de certaines routes. Ces actions sont parfois accompagnées de panneaux “fauchage tardif” pour expliquer la démarche.
Ainsi, le jardinier d’aujourd’hui est prêt à renoncer à la pelouse taillée à ras et s’ouvre à différentes alternatives :
- le mulching, qui permet de nourrir le gazon avec les résidus de tonte
- ou en semant du gazon écologique ou de la pelouse fleurie dans son jardin.