Les tondeuses à gazon font partie des neufs appareils devant afficher leur indice de réparabilité. On les retrouve aux côtés des lave-linge, smartphones, aspirateurs et nettoyeurs haute pression dans cette nouvelle norme environnementale.
La tondeuse, un produit hi‑tech comme un autre
L’on peut comprendre que les appareils hi-tech soient dans le collimateur de la lutte contre l’obsolescence programmée. Les téléphones, par exemple, sont réputés pour être difficilement réparables, mais qu’en est-il vraiment de nos bonnes vieilles tondeuses à gazon ?
Il y a en premier lieu les robots-tondeuses. Comme son nom l’indique, il s’agit avant tout d’un appareil technologique avant d’être une tondeuse, au même titre qu’un drone ou un robot aspirateur.
L’indice de réparabilité concerne également les tondeuses à batterie. Les batteries transforment aujourd’hui de nombreux appareils de bricolage en déchets dangereux et toxiques.
Enfin, les tondeuses électriques filaires contiennent également des composants électriques aussi difficiles à réparer que ceux des appareils électroménagers.
Appareil hi-tech… ou déchet hi‑tech ?
Globalement, ces engins finissent trop souvent à la déchetterie au lieu d’être réparés.
Votre tondeuse électrique est en panne ? Il y a des chances que le vendeur vous réponde que la pièce de remplacement coûte chère ou que la machine n’est pas réparable. Une situation inimaginable jusqu’à l’an 2000, époque où la durée de vie d’une tondeuse thermique se comptait en décennies.
La tondeuse à gazon n’est donc pas seulement devenue un produit hitech comme les autres. En effet, elle est surtout devenue un consommable. En tant que consommateurs, nous nous sommes résignés à l’idée qu’elle devienne un appareil jetable et se transforme en déchet après quelques années d’usage (comme pour les téléphones portables).
La responsabilité ne tient pas qu’aux acheteurs en recherche de petits prix. Les fabricants n’ont pas d’intérêt à proposer des produits increvables. L’indice de réparabilité vient donc rebattre les cartes dans un contexte de sobriété écologique.
Les grandes lignes de l’indice de réparabilité
Le principe de cet indice tient en quelques points-clés :
- Un cadre légal : la Loi anti-gaspillage de 2020.
- Un objectif : réduire les déchets électroniques en incitant les consommateurs à prendre en considération le critère de réparabilité lors de leurs achats.
- Une méthode : un référentiel et une grille de notation définis par le Ministère de la transition écologique permettent d’établir une note allant de 1 à 10. Il est principalement question de possibilité de réparation de certaines pièces, de la durée de disponibilité des pièces détachées et de la mise à disposition de manuels de réparation.
La note s’accompagne d’un code couleur aussi facilement identifiables que les classes énergétiques (étiquette-énergie) ou le Nutri-Score.
Cette démarche devrait obliger les constructeurs d’outils de jardin à se concurrencer sur le domaine de la durabilité. En conséquence de quoi les consommateurs devraient intégrer cette notion au moment de choisir une tondeuse à gazon dans un magasin de jardinage ou sur un site e-commerce.
Toujours dans le domaine du jardinage et de l’entretien de l’extérieur, les nettoyeurs haute pression et les aspirateurs filaires sont également soumis à cette obligation d’affichage depuis le 4 novembre 2022.
Les bons et les mauvais élèves de la réparabilité
Des noms reviennent souvent dans les meilleures notes, ceux de Bosch ou de Sthil. Les tondeuses de la marque Garden Tecnic figurent également au rang des bons élèves dont les notes dépassent les 8/10.
En contrepoint, des valeurs sûres comme Worx, Wolf et Husqvarna ont encore des progrès à faire pour améliorer la réparabilité de leurs futurs modèles.
De manière plus globale, presque toutes les notes des tondeuses électriques sont dans le vert, ce qui est loin d’être le cas dans les catégories des smartphones. Et c’est déjà une bonne nouvelle !
L’indice de réparabilité et la valorisation des déchets
Avec la Loi anti gaspillage, le Gouvernement Français vise plusieurs objectifs :
- Limiter les déchets, en particulier les emballages plastiques et les appareils électroniques.
- Booster la filière du recyclage avec une meilleure gestion des déchets.
- Favoriser l’écoconception en allongeant la durée de vie grâce à la réparation
- Eviter le gaspillage des ressources naturelles.
- Lutter contre l’obsolescence programmée.
Le consommateur au centre de la question écologique
L’indice de réparabilité s’inscrit donc dans l’ensemble de ces objectifs. Il responsabilise le consommateur dans ses choix. La réduction du gaspillage touche également notre manière de gérer les tonnes de déchets ménagers que nous produisons.
Le traitement des déchets et des ordures ménagères ne se limite pas au tri-sélectif. Il est bien préférable de réduire le contenu de la poubelle, afin d’éviter que le traitement des déchets ne se fasse que par enfouissement ou incinération.
Une démarche éco responsable consiste à essayer au maximum de réparer un appareil hors d’usage ou de le confier aux multiples filières de recyclage. Voir à ce sujet cette vidéo de l’ADEME :
L’économie circulaire au chevet des déchets
C’est ici qu’intervient l’économie circulaire. Son rôle est de remettre dans le cycle de consommation un appareil électronique usagé. Après avoir été collectés, les appareils sont triés avant d’être reconditionnés.
L’idée est donc de repousser le plus loin possible la dernière étape du déchet vraiment inutilisable. L’idée de réutilisabilité favorise cette démarche, car un appareil mieux réparable fournira des pièces détachées plus facilement utilisables dans la filière du reconditionné.
Le développement de cette filière garantit même la création de nombreux emplois sur le sol français, en particulier du réemploi dans des zones où les usines de production ont fermé pour cause de délocalisation. Voilà qui rend la chose économiquement acceptable.